Résumé
Les guides touristiques et les récits de voyage de l’époque coloniale sont le corpus sur lequel se base l’analyse proposée visant à saisir le regard apporté par les Italiens sur Kairouan. Plutôt qu’amener le lecteur à la connaissance de l’autre, ces publications, au nombre restreint, privilégiaient les vestiges romains et l’œuvre civilisatrice de la colonie italienne. Le paysage ainsi tenait lieu de miroir et le voyage était prétexte pour célébrer l’italianité. En tant que ville sainte de l’Islam, pas atteinte par la modernisation, Kairouan assurait une expérience authentique s’accommodant à l’imaginaire orientaliste. On relève chez les voyageurs italiens des traces du mythe de Kairouan la vierge cultivé par les autochtones qui voyaient dans la ville un rempart contre le colonialisme européen.